The Decoralist est en deuil. Nous venons de perdre l’un de nos adhérents les plus fidèles et les plus enthousiastes.

Reconnu par les plus grands de la décoration pour son travail de très haute qualité, Gabriel Ravet oeuvrait pour de prestigieux clients à travers le monde, toujours à la recherche de l’excellence.

Il était entré en compagnonnage à l’âge de 17 ans, puis avait suivi une formation en tapisserie à l’Ecole Boulle. Après une expérience chez Jansen en tant que tapissier, il fut directeur des ateliers de tapisserie puis chez Jacques et Henri Baroux, avant d’intégrer la maison M. Degomme, dont il prendra la direction à la retraite de son propriétaire.

Gabriel avait choisi Rémalard dans Le Perche pour installer son atelier. Il aimait cet endroit, cette nature, qui l’aidait à se ressourcer après ses voyages et chantiers lointains. Il a toujours travaillé avec le cœur, comme tous les passionnés, et son enthousiasme le portait toujours plus haut, vers plus de perfection. La satisfaction de l’ouvrage bien accompli, voilà l’émotion qu’il recherchait, car il aimait donner du sens à son travail. Il avait aussi cette générosité et cette envie de partage qui le conduisait à défendre nos métiers et leurs valeurs avec énergie. Curieux de tout et très érudit, il partageait volontiers son savoir, et était intarissable sur son métier et ses passions. Perpétuer et transmettre…

Que ce soit pour une restauration ou une création, Gabriel s’engageait pleinement dans chaque nouveau projet, s’appuyant sur les connaissances traditionnelles des « Maîtres Tapissiers » d’hier mais cherchant toujours à les perfectionner et les adapter au monde actuel. Sensible aux belles matières : le crin, le velours, la soie, les passementeries ou bois précieux, il aimait les choisir et raconter leurs histoires. Le dessin d’une carcasse d’un siège ou d’un canapé « tapissier » et son assemblage, les décors sculptés, la « matière » et le « gras » d’un bourrelet de crin et sa double piqûre dans la toile de jute, la précision du découpage d’une peau, l’ajustement méticuleux d’un semis de capitons, l’équilibre des « draperies » d’un lit à baldaquin, l’harmonie colorée d’une passementerie… Chaque étape, chaque détail avait son importance à ses yeux « la finalité de mon travail c’est la naissance d’objets et de décors précieux et uniques » disait-il, lui qui ne concevait pas l’esthétisme sans le confort.

Un savoir-faire exceptionnel, un regard original, un humour pétillant… Nous avions toujours beaucoup de plaisir à retrouver Gabriel lors de nos réunions. Il avait des idées, des envies, des histoires à raconter, il aimait rire, et il va beaucoup nous manquer.

« Conjugons EUDAIMONIA ! » aimait-il dire.