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5 questions à Jacques Garcia : « Vivre sans tissu, c’est impossible ! »

5 questions à Jacques Garcia : « Vivre sans tissu, c’est impossible ! »

Décorateur émérite, conseiller en Art, collectionneur… Jacques Garcia n’a jamais fini de faire l’actualité ! Son style devenu une signature traverse les siècles, du 18e à aujourd’hui. Avec le tissu pour étendard de sa passion, il restitue comme il secoue la mémoire de notre patrimoine. Rencontre !
crédit-photo-©-Eric-sander
Jacques Garcia

Il assure la scénographie de l’exposition « Sièges en société du Roi Soleil à Marianne » à la Galerie des Gobelins du 25 avril au 24 sept. 2017 que nous vous présenterons dans une prochaine chronique.

Quel rôle joue le tissu d’ameublement dans vos réalisations ?

J’ai toujours eu le goût des tissus et il n’y a pas de grands décors sans eux. J’ai été un des premiers à contribuer à l’émergence de nouvelles collections de tissus non feu auprès des éditeurs de tissus d’ameublement. Aujourd’hui, c’est un bonheur de faire des hôtels avec des tissus enfin dignes de ce nom. Si je prends l’exemple de l’hôtellerie, c’est que l’usage du tissu y est multiplié. Ces lieux publics y compris les lieux historiques pour lesquels je travaille, sont par essence un tremplin pour leur mise en scène. Ils donnent à voir des choses meilleures dans l’assemblage avec moult mélanges de matières et de passementerie. De quoi contribuer à restituer notre savoir-faire et éduquer le grand public à la culture du décor quel qu’il soit.

Un tissu peut-il être l’élément déclencheur d’une histoire de décor ?

Difficile de penser à un tissu en particulier mais dans le cadre des restaurations que j’effectue à Versailles ou au Louvre, le document d’archive s’avère un élément déclencheur. Il me permet d’extrapoler en matière de recherche couleur et de tissage. Si l’éditeur a pour charge de rétablir une pièce d’époque, il se nourrit souvent de l’exercice créatif pour impulser de nouvelles collections. Le passé nourrit ainsi le présent pour la création. Côté décoration pour un chantier, je suis incapable de créer quoi que ce soit si l’espace ne m’inspire pas en termes de proportions, détails architecturaux, lumière, etc. L’espace transcende mon expression, il la galvanise. Alors, si on dit que j’ai tendance à trop en faire, je dirais que je préfère le mauvais goût à l’absence de goût car pour moi, il n’y a rien de plus terrible qu’un endroit sans aucune expression.

Qu’apporte le tissu dans vos réalisations ?

La curiosité est le premier trait de ma personnalité et c’est devenu au fil du temps une attitude. J’aime donc ce qui est varié, en décalage ou pas. J’aime me remplir de choses qui ont du fond et impulsent du contenu comme dans mon fief du Champ de Bataille. Le tissu attise ma curiosité, il raconte des histoires et il m’est impossible de vivre sans. J’aime son toucher, sa souplesse et sa lourdeur qui apporte paradoxalement de la légèreté à l’espace. Alors oui, je joue avec le tissu, j’en rajoute avec la passementerie et je n’ai pas de limite au point que l’on me dénomme Mr Pompon ! J’assume totalement car il m’importe peu de plaire à tout le monde.

Comment le travaillez vous ?

Paris est une fête, dit-on, mais ce n’est pas ce que je constate, on assiste à une forme de consensus en blanc et beige dans les palaces. C’est sans prise de risques et c’est profondément ennuyeux ! J’appelle donc à une certaine forme d’agitation inspirante pour ne pas rester figé dans notre patrimoine et notre créativité. Au sein de mes bureaux, j’ai constitué un atelier riche de tous les tissus des éditeurs et c’est ici que j’opère les mélanges les plus improbables. Je ne m’intéresse pas aux coordonnés déjà anticipés par les maisons de tissus car à quoi bon être décorateur si c’est être suiveur. Si on nous appelle, c’est justement pour provoquer de l’inattendu et faire des choses que nul ne sait faire !

Vous êtes sensible aux métiers d’art, pensez vous que les tapissiers décorateurs d’aujourd’hui ont toutes les compétences requises pour mettre en scène votre travail ?

Ce sont des gens extraordinaires dont il dégage un véritable cachet artistique. Disons le, pour les meilleurs, ce sont des artistes sachant que dans toute corporation, il y des bons et des moins bons ! Le garnissage d’un siège est par exemple un exercice de savoir-faire extrêmement délicat. Et je peux vous dire qu’un siège mal garni est une véritable catastrophe, ça détruit tout ! J’ai mon équipe et elle m’est indispensable pour la bonne réalisation de mes chantiers.

Comment le passé éclaire-t-il votre présent dans l’art de décorer ou comment votre passion de l’ancien nourrit-elle votre modernité ?

J’ai un côté Dr. Jekyll et Mr. Hyde car biberonné à la culture des antiquités gréco-romaine par mon père et éveillé à l’art conceptuel dans le Paris artistique de Saint-Germain pendant mes études. C’est à ce moment précis que la dualité entre classique et contemporain s’est installée. C’est pour moi un moteur de création car si j’aborde le style 19ème comme à l’hôtel Costes, sa vision n’est pas uniquement éclairée par ce qu’il a été mais transcendée par son devenir. Bref, j’interprète, je mélange, je n’ai pas de barrières et je ne sais jamais où je vais. Tel est mon secret pour me renouveler !

 

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